Les carnets d'Eniala, biologiste de la forteresse

[hrp : Eniala est un personnage au background (un peu) fouillé que j'avais crée pour un autre jeu et qu'il m'a plut de reprendre pour wow. je posterais le vieux bg a l'occasion (si je le retrouve ^^)]


Une fois les rideaux tirés et la porte dument condamnée, seule la cheminée projetait une lueur blafarde dans la pièce. La silhouette décharnée se tourna prestement vers les quatre yeux qui l'observaient et annonça :
-Bien, si personne n'y voie d'objection, je pense que nous pouvons commencer. Considérant l'absence de réponse comme un assentiment tacite, Eniala se dépêcha d'allumer les trois lampes a pétrole disposées autour de la salle.
-Comme vous le savez, reprit-elle, notre ami l'apothicaire Johaan nous prête gracieusement son local, en échange de quoi il se réserve un droit de regard sur nos découvertes et leur emploi futur. Pour cette raison, je vous annonce tout de suite que la séance à été un échec retentissant, et qu'il n'y a rien a en tirer. Nous allons donc passer aux activités ne regardant plus l'ordre royal, mais intéressant la forteresse.
Eniala Fixa son regard droit dans celui de son jeune protégé.
-Cette étude est d'une importance particulière pour mes travaux, j'apprécierais donc mon jeune ami que vous ne la traitiez pas avec votre agaçante et habituelle désinvolture. Si vos appétits dépassent votre soif d'apprendre, je vous prierais de quitter sur l'heure cette réunion. Son auditeur la toisa d'un regard imperturbable, puis, jugeant qu'il avait suffisamment démontré sa bonne foi, entreprit de lisser le haut de son crane.

Eniala dévoila quelques dents jaunâtres dans un rictus qui aurait difficilement put passer pour un sourire et marcha d'un pas décidé vers la table trônant au centre de la pièce. Elle dégrafa le fermoir d'une trousse de cuir, puis disposa d'un geste expert son contenu : sondes, tubes, pinces et couteaux furent bientôt étalés sur tout le plan de travail. Affairée a ses préparatifs, Eniala adressa de nouveau la parole a son protégé :
-Voyez-vous mon jeune ami, s'il est communément admis que le sang-royal possède des propriétés proches de celles de la moustache de Khadgar, quoiqu'en moins puissantes, personne n'a à ma connaissance tenté de la distiller et de la concentrer pour en obtenir l'essence et la tester sur un sujet. Eniala se tourna vivement vers son deuxième locuteur : A ce propos, je vous remercie de votre généreuse et volontaire contribution a l'avancée de la technique. Eniala se perdit un moment dans l'observation de son sujet, se demandant si le bâillon risquait de nuire a l'expérience. Quoiqu'il en soit, reprit-elle, nous nous occuperons de vous plus tard, après tout la science n'attend pas et la distillation est presque terminée.

[...]

Eniala fit couler quelques gouttes d'une mixture à l'aspect peu ragoutant le long d'un tube contenant quelques grammes d'une racine au contact de laquelle le mélange émit une épaisse fumée acre et grasse. -étrange, il semble que le composé tente d'assimiler la matière vivante, je suppose que ce doit être pour cette raison que vous avez de plus en plus de mal à respirer... mais nous pouvons corriger cela avec de l'étouffante, après tout vos poumons commencent a s'adapter au milieu marin, et les décoctions d'étouffante permettent la respiration aquatique. Cela soulève d'ailleurs une piste intéressante pour l'avenir... S'apercevant qu'il ne prêtait aucune attention à la scène, la non-morte jeta un regard furieux à son protégé : -Voulez-vous s'il vous plait cesser de jouer avec cet animal? ce rat ne doit servir qu'à tester de nouveaux composés, pas à satisfaire vos tendances sadiques! Il serait de meilleur ton que vous observiez attentivement l'expérience. Vous avez déjà prouvé que vous n'avez rien retenu de ce passionnant test effectué à moulin-de-taren et vous vous permettez des distractions pendant celui-ci? J'avoue que votre attitude me laisse perplexe et me déçoit beaucoup... Alors qu'Eniala tournait une fois de plus son attention vers son sujet, son élève poussa une dernière fois le rongeur agonisant d'un air désabusé, puis chercha du regard un autre passe-temps.

[...]

Eniala finissait de mettre de l'ordre dans son matériel en vertu de la maxime de la forteresse "tout outil délaissé est un outil perdu", tandis que son protégé n'y tenant plus avait avalé goulument le rat. Affairée a son rangement, elle avait laissée partir le jeune fermier et lui avait, comme promis en vertu de la maxime de la forteresse "tout serment doit être respecté", rendu sa petite soeur. Si cela avait encore été possible, elle aurait été certainement attendrie par son claudiquement maladroit sur la route de brie, mais pour l'heure elle était absorbée par le compte rendu que recevrais bientôt le premier magus de la forteresse sur les propriétés incapacitantes du sang-royal et sur ses applications possibles.
Eniala trouvait étrange que le premier magus ne lui ait pas répondu depuis si longtemps et que son anneau ne soit plus en contact avec la forteresse... mais bon comme le dit la maxime "l'adversité n'est pas de taille face a la connaissance" et ce ne sont pas des contingences accessoires telles que la mort qui l'empêcheraient de faire avancer ses recherches.

Son protégé ayant fini le rat, il se traina d'un pas fainéant vers la cheminée, devant laquelle il s'étira en ronronant...

[ceux qui ont déjà joué avec moi n'aurons pas de mal à identifier "l'élève" ^^, y'aura de la suite plus tard sur d'autres sujets ;p]

[La suite! Enfin, c'est pas vraiment une suite vu qu'il n'y à pas de continuitée, mais ça fera l'affaire ^^]

-N'est-ce pas incroyable? Non, mais vraiment... qu'une telle plante croisse en ce lieu? Eniala, toutes affaires cessantes, car aprés tout "la connaissance n'attend pas", s'empara de sa trousse et en sortit une loupe au verre fendu. -On dirais, on dirais... une tombeline? Mais, mais, mais... ces feuilles vert-bruni, ces spores grisâtres... La mort-vivante décharnée fit courir ses longs doigts osseux avec délicatesse le long de la tige, retroussant un bulbe, frôlant un pétale... puis la déracina d'un geste rageur et, la brandissant au nez de son matois complice, s'écria : -mais si, si, c'est clairemnent de la tombeline, regarde la bien... plus prés, ici... cette odeur, ces stries sur la base de la feuille...

Eniala brulant de partager sa découverte ses compagnons de route : arretez vos bétises immédiatement et venez voir! Je viens de faire une découverte incroyable!
- Par les titans prêtresse, pas maintenant! La voix rocailleuse du tauren roulait comme une avalanche, mais ses efforts pour paraitre maître de lui trahissaient comme un léger doute. dépêchez vous plutôt de venir nous aider ici!
Le grand guerrier laissa échapper un soupir de soulagement lorsque la non-morte se dirigea a grandes enjambées vers le reste du petit groupe, mais faillit s'étrangler lorsque qu'un coup de bâton mal placé réveilla la douleur d'une vielle lésion aux cotes, depuis trop longtemps négligée. Le regard qu'il lança à Eniala aurait fait fuir un infernal, mais pour avoir peur il faut être équipée de nerfs et d'hormones, qu'Eniala avait depuis longtemps troquées contre un aplomb flirtant avec la folie.
-Ceci, lui jeta-t'elle en brandissant la pulpe de ce qui serait encore une treille dans dans mains plus contrôlées, est sans aucun doute la découverte scientifique la plus importante qu'il m'ait été donné d'observer et vous, vous... espèce de tas de viande sans cervelle, vous ne pensez qu'à vous battre? -Le tauren la regardait, incrédule, alors qu'elle continuait sur un ton de plus en plus rauque, contrefaisant le timbre du guerrier : "prêtresse, j'ai perdu du sang!" "prêtresse, mon ami est bléssé!" "prêtresse, cet ork est mourant!" pheu! Et alors? Moi aussi j'ai été mourante, et je m'en suis bien remise sans l'aide de personne! Et là, là... alors que pour une fois dans ce bâtiment désolé je trouve ne serais-ce qu'un brin d'intérêt dans l'étude et dans une réflexion scientifique, pas un seul d'entre vous n'aurait la décence de venir observer mes découvertes, fûssent-elles historiques? Sa tirade s'acheva, l'index rageur toujours pointé sur les naseaux d'un soldat dont les yeux s'injectaient peu à peu de sang. Le tauren leva une épée aux proportions dantesques pour frapper cette frêle "femme" qui menait la vie dure à sa raison et à sa patience, mais dût l'abattre de taille sur l'humain qui, encouragé par le moment de déroute généré par Eniala, avait tenté d'embrocher le guerrier de son glaive. D'une vélocité incroyable pour sa masse, l'énorme combattant fît décrire à son arme un second moulinet qui emporta avec lui la vie du croisé écarlate. Plus que trois de ses condisciples fanatiques et la bataille prendrait des allures de victoire...

Ayant tourné le dos au tauren en maugréant, Eniala se focalisa sur le troll bléssé qui gisait au sol, tentant malgré tout de conjurer la puissance élémentaire de la magie des arcanes. Eniala n'arrivait pas a se décider sur le sort a lui appliquer; elle hésitait encore entre la puissance curative bénie et la force maudite de la douleur lorsqu'un bouquet de feuilles bleues jaillissant de derrière un mausolé attira son regard...

Le tauren laissa échapper un hurlement de rage... Sortir de ce monastère isolé ne serait peut être pas aussi simple après tout...

[un autre épisode bientôt!]

[Suite des péripéties d'Eniala, que je voulais écrire depuis un moment ^^]

Aucune âme n'avait pénétré ici depuis des années, comme en attestait l'épaisse couche de poussière feutrant le sol ou les candélabres à qui, leurs cierges consumés, le temps avait apporté rouille et décrépitude. Quelques rayons de lune filtraient a travers la charpente béante, offrant à la scène une clarté pale, presque fantomatique. La silhouette d'Eniala se découpa soudain dans l'embrasure fracturée d'une grille. Sa démarche, d'ordinaire assurée par un manque total de sens commun se faisait hésitante en ses lieux et un observateur avertit aurait décelé nombre de tics inhabituelle chez la non-morte.
Elle frôlait les murs telle une ombre, rechignant à passer par le centre des pièces, évitant autant que possible la lumière lunaire. Alors qu'elle s'enfonçait dans le dédale, les ombres se firent pressantes, presque dansantes, comme si un vent indécelable agitait la flamme de l'astre nocturne.

Par trois fois, la prêtresse dût s'arrêter et procéder a des marquages afin de s'orienter. L'impatience et la nervosité, la maintenaient dans une tension extrême et dangereuse, prête a rompre a tout moment. Elle fit enfin face à sa destination : une épaisse et antique porte en chêne que les ans avaient durcie, presque fossilisée, et qui portait l'inscription :
"DES JUSTE, CET HUIS ASSURE LE REPOS"
"VALEUREUX, COURAGEUX, HONNÊTES ILS FURENT"
"TRAVAIL ET CONNAISSANCE ÉTAIENT LEURS LOTS"
"A EUX N'APPORTEZ QUE DÉVOTIONS PURES"
"OU DU STYX VOUS CONNAITREZ LES FLOTS"

Les poèmes anciens n'avaient que peu d'intérêt pour Eniala, surtout ceux déjà connus, et c'est sans se préoccuper le moins du monde du sinistre avertissement gravé dans le bois séculaire qu'elle inséra l'interstice habillement dissimulé sous le loquet massif une longue pointe de cuivre effilée. Au bout de quelques secondes, elle fût contrainte de reculer sous l'effet de la chaleur alors que le piège de feu liquéfiait la tige de sonde. Eniala, a distance prudente de la porte, attendait patiemment que les dernières gouttes de métal en fusion s'écoulent sur le sol lorsque les gonds tournèrent sur eux mêmes dans un grincement sinistre. Un filet d'air glacé s'écoula aussitôt de l'ouverture, alors qu'une marée de vermine grouillante déferlait dans les couloirs abandonnés.


*

La forteresse avait étée depuis aussi loin que porte la mémoire des hommes un lieu sacré pour tous les amoureux de la connaissance. Les enseignements que l'on y dispensait, sans souci des contraintes temporelles étaient les plus rigoureux connus et abordaient tout les sujets. Herborisme et pyromancie, démonologie et mysticisme, arcanes et sacré... tout était traité sur un pied d'égalité. Cependant le prix a payer pour apprendre tout ce qui était interdit aux mortels était tout sauf négligeable. La seule présence a la surface de la terre de la forteresse faisait courir au monde un risque incroyable, et les savoirs interdits conservés au nom de la connaissance n'avaient de cesse d'enjôler un jeune disciple par trop impatient d'égaler ses maîtres. C'est hors le monde, isolée de toute existence que ce monument a l'érudition pût voir le jour. C'est hors les dimensions qu'était conservé tout ce qui serait sût lorsque seule subsisterais la forteresse. C'est a cette communauté de savant qu'Enila avait dévouée sa vie. C'est pour confier aux vénérables archives les connaissances de tout un monde qu'elle posa pied en kalimdor pour la première fois. C'est par un cruel tour du destin qu'elle fût emportée par la peste dans les murs mêmes de la cité de lordearon, et enterrée à quelques lieues de là. C'est par cupidité qu'un fossoyeur anonyme lui prit sa chevalière et la remplaça par un cercle de cuivre. C'est pour la retrouver qu'elle brisait en ce jour un interdit de plus.


*

Les insectes s'étaient dispersés quand Eniala s'extirpa de ses réminiscences. Elle avait du mal à penser, et pour la première fois depuis des mois, sentait le poids écrasant de la non-vie sur ses épaules. Elle se redressa dans une succession improbable de craquements osseux et franchit la porte de la crypte. Devant elle le couloir s'illuminait peu à peu de la lumière d'inquiétantes torches s'embrasant sur son passage. Elle hésitât un instant avant de continuer... le jeu en valait-il la chandelle? rien n'était moins sur... mais âpres tout, qu'avait-elle à perdre... sinon la vie?

[la suite quand j'aurais le temps... il est plus d'une heure du mat et je suis crevé :p]